Récit
Stormy Sancy :
un week-end de randonnée mouvementé.
Aventure vécue en juin 2024.
Mots : Siam · Photos : Julie
Carnet de route
Durée : 2 jours
Distance : 34,4 kilomètres
Dénivelé : 1220m D+
Départ : Le Mont-Dore
Arrivée : La Bourboule
Hébergement : Terre d’Horizon
Effort physique : Soutenu
Technicité : 3/5
Étape n°1 : Le Mont-Dore → Chastreix
Un réveil matinal, une heure de bus et un espoir un peu fou d’esquiver les orages. Il n’en faut pas plus pour s’offrir une parenthèse trépidante dans le Sancy. Notre aventure démarre au Mont-Dore avec une montée sèche jusqu’à la gare du funiculaire. On croise d’ailleurs un wagon qui entame sereinement sa descente vers la ville. Je bougonne. L’ascension aurait été plus reposante comme ça, d’autant que la pente ne fait que s’élever jusqu’au Pic du Capucin.
16,6 km – 810m D+ – 6h
Qu’à cela ne tienne, on s’engage sur les crêtes en direction du Puy de Sancy. Très joyeusement nommées “Aiguilles du Diable”, ses arêtes aiguisées nous accueillent avec un air vaguement menaçant. Une pause s’impose à la Tour Carrée pour un déjeuner avec vue. C’est aussi la première fois depuis le début de notre périple que nous enlevons nos sacs (beaucoup trop chargés). Un vrai moment de libération pour les randonneuses semi-débutantes que nous sommes. Ce matin, notre départ s’est fait la fleur au fusil en nous émerveillant de leur contenance et de leur maintien parfaitement ajusté. Maintenant, leur dizaine de kilos nous font reconsidérer nos choix de vie. Mes épaules et mon dos aimeraient bien parlementer mais les nuages qui s’accumulent dans le ciel coupent court à toute négociation. Il faut repartir.
La montée du Puy de Sancy se fera tête baissée au milieu d’une armée de fourmis volantes pas franchement décidées à nous laisser profiter de la vue. Nous sonnons la retraite après quelques secondes au sommet et redescendons en direction de Chastreix en longeant la Vallée de la Fontaine Salée. Le vent se lève, le temps se gâte et c’est justement le moment que choisit le chemin pour se volatiliser. Après quelques errances approximatives au milieu des pierriers, nous décidons finalement de continuer notre descente par les pistes de ski et d’emprunter la route. C’est moins sexy mais plus direct. Après deux kilomètres sur l’asphalte, nous voilà de retour sur un nouveau chemin prometteur : grand, large, gravillonné. Celui-là n’est certainement pas du genre à disparaître ! Sauf peut-être s’il mène droit sur une pâture fermée, surplombée d’un orage.
Ce sera la première réunion de crise du week-end. Est-ce qu’on s’y engage sans savoir où elle nous mènera ? Est-ce qu’on la longe en empruntant le vestige d’un chemin en sous-bois ? C’est finalement la deuxième option qui l’emporte. L’orage sur les talons, nous progressons péniblement au milieu des branches et des ronces. Les impacts de foudre résonnent dans toute la vallée et nous avons à peine le temps de recouvrir nos sacs des housses étanches avant que la grêle nous tombe dessus. Je ne savais pas que ce super week-end de rando serait accompagné d’un spectacle son et lumière et honnêtement, je n’en demandais pas tant. Nous continuons notre progression quand soudain, un panneau se dresse devant nous, au beau milieu de l’adversité : Terre d’Horizon.
Bonne nouvelle, c’est là où nous dormons. Bonne nouvelle, le panneau indique un raccourci pour y accéder. Mauvaise nouvelle, les trombes d’eau qui s’abattent sur nous ont transformé le sentier en rivière boueuse. Nous jouons les équilibristes en sautant de cailloux en cailloux pour tenter de garder les pieds au sec, en vain. L’arrivée à Terre d’Horizon se fait sous le déluge et nous essayons de ne pas trop dégouliner sur le tapis lorsque nous récupérons les clés de notre logement : une petite cabane pleine de charme. L’orage finit enfin par nous fausser compagnie, nous profitons donc d’une soirée ensoleillée accompagnée du doux son du sèche-cheveux dans l’espoir de ne pas avoir à enfiler des affaires trempées demain matin.
Étape n°2 : Chastreix → La Bourboule
Le deuxième jour de notre aventure commence de la meilleure des manières, avec un délicieux petit-déjeuner préparé par nos hôtes. Revigorées, nous levons le camp à 9h40. Comme la veille, nous suivons pendant de nombreux kilomètres la boucle du Sancy, un circuit de 83 kilomètres à la découverte de tous les lieux emblématiques du massif. La progression est rapide et facile durant toute la matinée. Nous profitons du soleil, des petites routes pleines de charme et des sous-bois ombragés.
17,8 km – 420m D+ – 6h
Peu avant midi, nous arrivons à La Stèle sur un air de Céline Dion. Les villages alentours s’affrontent à l’occasion de leurs jeux olympiques. Un joyeux bazar où s’activent sportifs et bénévoles. Nous profitons quelques instants de l’ambiance mais le ciel se couvre. Nous continuons notre route sur des pistes de ski de fond. “Tant que c’est que de la pluie, ça va”. C’est sur ces belles paroles que nous sortons de la forêt. Il ne nous faut que quelques secondes pour comprendre la galère qui s’annonce.
À notre gauche, l’orage qui nous poursuit depuis quelques heures. À notre droite, un autre orage qui fait disparaître les cimes du Sancy en quelques secondes. Le ciel est teinté d’orange et de violet. C’est aussi beau qu’apocalyptique. À une centaine de mètres devant nous se dresse une petite maison. Nous jetons rapidement un œil sans voir d’abri notable. C’est notre deuxième réunion de crise. Doit-on continuer au risque d’être à nouveau trempées ou essayer de nous abriter tant bien que mal ? Un regard vers le nuage de pluie qui avance rapidement dans notre direction nous convainc de chercher un peu mieux de quoi nous protéger.
C’est là qu’elle apparaît, dans toute sa gloire, nonchalamment adossée au mur de la bâtisse. Elle n’en est pas à son premier orage et n’a pas peur d’affronter ceux qui suivront. Ses pieds solides et son plateau de bois ont assisté à bien des repas. Cette table de jardin, la plus waterproof du Sancy, sera notre havre de sec face aux éléments déchaînés. Après un regard et dans un ensemble parfait, nous plongeons nous abriter en dessous. Nous resterons ainsi pendant trente minutes, voûtées, mal assises mais bizarrement heureuses, les yeux rivés sur le radar météo pour prévoir l’accalmie et reprendre notre route.
L’éclaircie sera malheureusement de courte durée. Une vingtaine de minutes après être reparties, nous sommes rattrapées par la pluie. Elle nous accompagnera jusqu’à l’arrivée, rendant la descente vers La Bourboule un peu plus glissante et périlleuse. Une fois arrivées en ville, nous traversons le Parc Fenestre désert et faisons une dernière escale à la boulangerie pour nous offrir de délicieuses tartes à la myrtille. Nous les dégusterons confortablement installées sur un banc à la gare, en attendant le bus qui nous ramènera à Clermont.
Infos pratiques
Transport
Cars Région
Mise en place par la région Auvergne-Rhône-Alpes, la ligne P46 nous a permis de rejoindre le Mont-Dore en moins d’1h15 depuis la gare de Clermont-Ferrand. Si vous souhaitez connaître les horaires et les différents arrêts, rendez-vous sur la plateforme Oùra.
Équipement
Nous sommes parties chacune avec un sac à dos 40L, une tenue de randonnée, une bonne paire de chaussures, des bâtons de marche, une veste imperméable, une casquette, des lunettes de soleil, de la crème solaire, une trousse de toilette, une trousse de secours, 2 gourdes de 75cl, un pique-nique, des snacks, du matériel photo/vidéo, une batterie solaire externe.
Hébergement
Labellisé Rando Accueil et la Clef Verte, cet établissement est situé en pleine nature sur un plateau à 1100m d’altitude, à l’entrée de la réserve naturelle de Chastreix-Sancy. Nous avons passé la nuit dans l’une de leurs “greens”, mini maison en bois. Mention spéciale pour la formule petit-déjeuner sucré/salé, préparé avec de bons produits locaux et bio.
Retrouvez l’itinéraire détaillé de cette aventure sur Komoot.